vendredi 27 août 2010

Café et cigarettes.

Putain de nuit.
Je la vois espionner sa compagne avec autant d'intérêt que j'en aurais pour une personne qui m'aime. Gonflée par ses racontards de sa vie d'avant, de sa pseudo apogée professionnelle bourrée d'anecdotes improbables, toujours classieuses, mille fois entendues et répétées à chaque renouvellement de l'auditoire.
Les mots frappaient et étaient chaque fois plus prévisibles tant et si bien que le sentiment d'être mariée depuis trop longtemps à quelqu'un qu'elle n'avait que trop peu aimé était attaché à chacune de ses phrases. Cette étincelle nomade grandissante, elle revient de plus en plus. C'était il y a plus d'un an et demi la dernière fois. L'idée c'était un billet quelconque pour Londres ou approchant, perfectionner l'anglais, bosser dans un bar, peut être au noir quitte à se fermer les portes d'élite qui lui était prédestinée. Rien à foutre du parcours tout tracé mais surtout fantasmé pour elle. Jamais ça n'arrivera. La récompense à sa bonne tenue n'étant pas plus d'intérêt mais au contraire une attention répugnante pour un auditoire neuf qu'elle semblait tenter d'adopter.
Ce n'est pas que de la jalousie, c'est autant de dégoût pour une chose que la laideur et l'âge guette, qui réalise qu'elle ne peut plus que descendre les marches de la réussite une par une. Peu à peu on l'oubliera et ses contacts se feront de moins en moins nombreux, embourbée dans l'ennui du quotidien elle persèverera à raconter ses histoires d'ambassadeurs ou de délires diplomatiques. Il n'y a pas de mal à la vie en société dans le fond, même si je reste sur mon idée que l'horreur de la solitude est l'horreur de soi même. L'envie d'être seul pourtant est naturelle voir saine. Il y a toujours cette méfiance.

Je n'ai pas besoin d'une phrase de grand penseur pour résumer la seule obsession de ma vie : "I want to be forgotten and I don't want to be reminded" Je repense à mes années de collège, où ma seule ambition était de me fâcher avec ma famille ou au moins de disparaître sans qu'on me cherche, une petite mort avec un contract de rétractation inclus en somme. Je finirais peut être vieille et seule, mais on finit presque tous vieux et seuls sauf les martyrs je crois. Les gens qu'on décrit comme gentils et sans histoire et qui sont au choix ou des monstres, ou des victimes.
D'ailleurs pour ce qui est des monstres, je m'indigne de cette froide soif de sensationnel ou de ce bal d'ignorance monstrueux que j'observe chaque jour avec un regard de dégoût profond. J'ai envie d'être ignorante alors je me montre indifférente. Mais bordel, qu'est ce qu'on ressent quand on veut lire le monde.
J'ai peur d'écrire vrai, alors j'espère que mes raisonnements resteront d'une naïveté et d'une immaturité spectaculaire. Je déteste le sensationnel car il ne s'agit que de vieux bouts de charognes brodé de mots tonitruants. Il n'y a que de l'indifférence dans ce sensationnel. Forcément, quand on pense à cela on pense aux gens que cela "touche". Ceux qui lisent comme moi les faits divers sont partagés entre les problèmes mentaux ou la compassion comme unique jugement d'une personne évoquée dans cette rubrique. Moi j'ai de la peine pour elle.
J'ai de la peine pour sa situation. Elle se réveille meurtrière et ce qui était autre fois si proche de son sein n'est plus par sa faute. Rien ne sera plus pareil. Quel sens peut avoir la vie maintenant ?
Tout était si facile à changer de voie au final pour un peu qu'on le veuille. Cela m'attriste les destinées qui s'éclatent au sol comme des putains de chars solaires guidés par l'inconséquence. Je ne veux pas de ça.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire