jeudi 29 juillet 2010

Tape song

Les offres défilaient sous ses yeux comme tant d'images incessantes pour l'ensemble de son cerveau. Sa bouillie cérébrale tentait tant bien que mal de s'activer pour remettre ces idées en place, il semblait que ses cicatrices l'en empêchaient. Tout revenait, elle se rappelait de son corps, à lui, comme il l'avait partagé avec elle, comme il lui avait donné toute la tendresse factice qu'on est capable d'offrir en restant humain, en restant égoïste. C'est inné.




Les différentes vitrines de créateur et les jeunes filles aseptisées des galeries Haussmann finirent par la lasser et le cliquetis de ses pas se fondirent dans une foule polyglotte. Une foule purulente comme tant de pustules, plus concentrée au centre et semblant ne jamais finir de s'étendre dans sa forme grotesque et nécessairement répugnante. La dernière image qu'elle avait de lui, c'était son dictaphone posé et éteint sur sa table de nuit. Il était mal rasé, il remettait sa chemise sur son dos adoré. Jamais il ne reviendrai. Les règles ne mentaient jamais. Les règles n'étaient pas faites pour être enfreintes, pas cette fois. Ils n'étaient pas des marginaux, ils ne faisaient que se partager.
Seulement, il avait décidé de ne plus se partager avec elle. La défaite semble toujours une véritable mutilation, alors elle voulut ressentir la douleur d'une manière physique atroce. Le verre ne coupe jamais assez quand on veut ressentir la douleur. Il ne tombe jamais assez fort quand on veut le briser. Elle aurait voulu tout régler, être ce verre à travers le miroir. Pourtant des mois après elle retrouva quelqu'un avec qui se partager. Il y avait juste un peu trop de verre à recoller, et elle ne retrouva pas tous les morceaux. Il préféra se venger, lui rappeler toutes ces nuits et ces soirées crapuleuses en venant s'écraser dans la plante de son pied tant et si bien que son amourette en fut réduit à néant. Comme le passé est trop lourd, le présent se devait pour lui d'être léger. Elle se délestât du verre et redevint putain.

Un jour, un jeune garçon s'attacha à la putain. Il lui jura tout l'amour du monde, lui pria de lui pardonner ces écarts et ses défauts et qu'il ferait tout pour se savoir destinataire de ses sourires. Il la désirait autant qu'il la repoussait. La regarder monter ses escaliers avec d'autres hommes l'emplissait d'une jalousie que l'excitation transformait en rage. Le dernier jour de magie, la dernière fleur jetée au milieu de l'allée depuis sa fenêtre pour signifier tout l'amour qu'elle se refusait.

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